Le Maître de Cabestany
C’est à Saint-Papoul, sur le chevet de l’église, que l’on trouve le plus grand nombre de sculptures attribuées au Maître de Cabestany. Mais qui était ce personnage de la deuxième moitié du XIIéme siècle ?
A cette époque, rares étaient les sculpteurs qui signaient leurs œuvres. Les artistes étaient plutôt des maîtres ouvriers passant de chantier en chantier d’édifice religieux avec une petite équipe, bien souvent ils étaient issus d’une communauté religieuse. Le nom de ce sculpteur a été attribué par Josep Gudiol en 1944. En effet, on a « redécouvert » le tympan de l’église Notre-Dame-des-Anges de Cabestany. Œuvre magistrale et d’une grande beauté permettant de fixer le style de ce sculpteur :
* L’espace est utilisé au maximum.
* Les personnages trapus ont un visage en forme de dièdre avec un nez en arête puissante.
* Les yeux en amande globuleux marqués par deux trous de trépan à la commissure des yeux.
* Les doigts des mains sont démesurément longs.
* Les drapés des vêtements dotés de très nombreux plis.
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Tous ces éléments permettent d’attribuer plus de 120 pièces à cet atelier dit du Maître de Cabestany. Ces œuvres sont réparties principalement en Languedoc Audois, mais aussi en Roussillon et en Catalogne du Nord. D’autres pièces trouvées en Navarre et en Toscane lui ont été attribuées.
A Saint-Papoul le Maître a largement décoré l’extérieur de l’abside de l’église. Elle est ceinturée de huit colonnes posées sur de hautes pilastres. Les chapiteaux et les modillons qui soutiennent la corniche sont ornés de figures humaines, animales ou monstrueuses.
Les moulages de ces sculptures sont présentés dans le réfectoire des moines de l’abbaye.
L’œuvre du Maître se caractérise par des thèmes iconographiques récurrents, le personnage du Christ est largement traité. Que ce soit dans des figurations de Jésus enfant ou adulte. Sur le tympan de Cabestany, il est représenté deux fois. A Sant Père de Rodes, il est représenté avec les apôtres sur le lac de Tibériade. A Errondo en vainqueur de la tentation.
Les sujets mariaux sont également largement traités, on les trouve à Cabestany, Le Boulou, le Monastir, Rieux et Santa Maria della Pieve Vecchia. Il faut noter qu’à Rieux et à Cabestany, l’Assomption de la Vierge est développé alors qu’au XIIéme siècle cet événement religieux n’est pas encore universellement accepté.
On trouve également d’autres événements traités tels que l’enfance du Christ ou la fuite en Egypte.
Le sonneur de trompe est caractéristique du Maître de Cabestany et de lui seul. En effet, il n’existe aucun équivalent dans la sculpture romane. Il constitue donc une signature du Maître.
On trouve le sonneur de trompe avec des joues énormes gonflées, les bras prennent racines au niveau de la tête et la trompe est posée entre les pieds nus.
Daniel dans la fosse aux lions est représenté deux fois sur des chapiteaux, à Saint-Papoul et à Sant’Antimo.
Dans l’objectif de remplir l’espace de la sculpture, les anges furent utilisés largement. Sur le tympan de Cabestany on en compte seize, trente-cinq dans son œuvre totale. Leur représentation est conforme aux écrits, ils sont tout à tour messagers, serviteurs ou encore adorateurs.
Les monstres sont bien présents dans l’œuvre de Cabestany. Selon la tradition romane, ils sont placés à l’extérieur de l’église, ils représentent le Mal. Sur plusieurs chapiteaux on trouve un monstre dévorant un quadrupède dont l’arrière train dépasse de la gueule.
Cabestany c’est aussi une œuvre magistrale, l’autel de l’abbaye de Saint-Hilaire. Cet autel en forme de sarcophage représente sur trois côtés l’histoire du martyre de Saint Saturnin (Sernin). Tout d’abord sur le côté droit Saturnin, entouré de ses disciples Papoul et Honest tient sa crosse d’évêque et l’évangile. Sur la face principale, il est arrêté au Capitole de Toulouse et trainé par un taureau furieux sous les yeux de deux femmes, les saintes Puelles. Enfin sur la face gauche, les deux saintes recueillent le corps de Saturnin et l’ensevelissent hors de la ville, l’âme du défunt s’élève dans les cieux.
Le sarcophage en marbre blanc des Pyrénées s’inspire des sarcophages paléochrétiens. L’œuvre fut longtemps prise pour un monument antique. Les rapports de proportion entre les différents plans, la taille des figures plus petite en arrière plan s’opposant à la taille des personnages principaux montrent une maîtrise rare pour les sculpteurs romans.
Vous pouvez voir des commentaires, images et textes concernant le MaÎtre de Cabestany sur le site : https://cheminsdumaitre.com/#teaser_Cabestany
Photos J-L Camilleri, Les Amis de Saint-Papoul.
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